Morreu Robert Sabatier

Décès de Robert Sabatier : l'allumette consumée

"Il se plaisait à citer Boris Pasternak : «La mort n’est pas notre affaire», Robert Sabatier, décédé le jeudi 28 juin à l’âge de 88 ans, ne peut plus en dire autant.

Doyen de l’Académie Goncourt, l’écrivain avait été révélé par son roman Les Allumettes suédoises paru en 1969 et qui avait connu un énorme succès. Il regrettait parfois cette image d’écrivain populaire qui lui collait à la peau, lui qui se considérait avant tout comme un poète et à qui l’on doit une impressionnante Histoire de la poésie française.Né en 1923, il a grandi dans les rues de Montmartre, qui ont servi de cadre à plusieurs de ses romans autobiographiques, mettant en scène «Olivier», son double romanesque. Orphelin à douze ans, il est adopté par son oncle et sa tante qui vivent en Haute-Loire, et commence à travailler dans l’atelier typographique de son tuteur à l’âge de 13 ans. Sous l’Occupation, Robert Sabatier imprime des tracts en faveur de la Résistance et participe à la Libération du Puy. Après la guerre, il fonde en 1947 une revue de poésie intitulée La Cassette, où signeront Paul Eluard, René-Guy Cadou ou encore Frédéric-Jacques Temple. 

De retour à Paris en 1950, il rencontre Gaston Bachelard et Jules Supervielle qui nourriront son inspiration, il fréquente assidûment les cercles poétiques de la capitale en dehors de ses heures de travail aux Presses universitaires de France.

En 1969, il reçoit le grand prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. La même année, il publie Les Allumettes suédoises qui enthousiasme les lecteurs, bien que la critique reste un peu plus froide aux charmes de ce récit de jeunesse montmartroise. Le succès du roman lui permet de se lancer dans la rédaction d’une Histoire de la poésie française en neuf volumes. Élu jury du Prix Goncourt en 1971, Robert Sabatier aura été jusqu’à sa mort, une grande figure du milieu littéraire parisien."

Magazine Littéraire ,28/06/2012 | Fil des lettres