sexta-feira, 12 de novembro de 2010

A Literatura Colombiana é uma Escola de Universalidade

Édition 2010 des Belles Étrangères

Du 8 au 20 novembre 2010, le Centre national du livre invite douze écrivains de Colombie représentant la diversité de sa production littéraire : poètes, romanciers, essayistes. Le choix des auteurs a été réalisé avec Annie Morvan, conseillère littéraire auprès du CNL pour cette édition colombienne des Belles Étrangères.
Conçues et organisées par le Centre national du livre depuis 1987, Les Belles Étrangères favorisent la découverte de littératures étrangères ou d’auteurs encore peu connus en France et accompagnent la politique d’aide à la traduction, à la publication et à la diffusion menée par le Centre national du livre. Le principe repose sur l’invitation, en novembre de chaque année, d’un groupe d’écrivains d’un même pays ou d’une même aire linguistique, et l’organisation d’une série de rencontres, pendant deux semaines, dans toute la France, avec des librairies, des bibliothèques, des universités, des théâtres et des associations culturelles, partenaires du Centre national du livre.
Sont invités :
Hector Abad Faciolince
Antonio Caballero
Jorge Franco
Santiago Gamboa
Tomás Gonzalez
William Ospina
Juan Manuel Roca
Evelio Rosero
Gonzalo Sanchez
Antonio Ungar
Fernando Vallejo
Juan Gabriel Vásquez

Du sommet des Andes colombiennes, chacun peut admirer le panorama infini de l’Amérique latine, mais seuls les Colombiens sont en mesure de raconter leur pays. La littérature indigène et caribéenne d’aujourd’hui, consignant la rumeur des anciennes légendes, témoigne du long et difficile passage de l’oralité à la prose et à la poésie ; les historiens cherchent les traces d’une conquête lointaine et cruelle pouvant expliquer la volonté d’indépendance et un présent qui n’est pas encore en paix avec lui-même ; pour entreprendre le voyage vers les Cyclades de la modernité, les romanciers colombiens traversent les mangroves de l’Orénoque, les villages reculés, les métropoles tumultueuses et plongent sans crainte dans les labyrinthes du moi, les dédales du thriller, les jeux de l’amour et de l’érotisme transgresseur, pour mieux regarder l’histoire récente droit dans les yeux ; les poètes se glissent dans les fissures du réel.
Cette édition des Belles Étrangères propose un choix – sans doute partiel mais puissant et légitime – d’auteurs qui partagent une même terre et une même histoire et dont les œuvres mènent le lecteur à la découverte d’une Colombie plurielle. On y voit le ciel tourmenté de Bogotá et des verts de toutes les couleurs dans la lumière zénithale des montagnes andines ; on y voit la pluie tomber comme elle tombait jadis sur Macondo, village inoubliable de Cent ans de solitude ; on souffre et on pleure avec les paysans la disparition d’un fils ou la mort d’un père de la main des guérilleros, ou des paramilitaires, ou des mafieux de la drogue, ce qui revient au même ; on accompagne des personnages en mal d’aventure, perdus dans le vaste espace mais portant en eux toute la beauté de leur pays pour mieux en révéler les secrets ; on pénètre dans des villes dont chaque quartier correspond à un cercle de La Divine Comédie et chaque coin de rue à l’un de ses chants ; on entend le langage urbain et macabre des sicaires, on s’égare dans les méandres de la mémoire et de l’imagination, et on finit par croire que ce pays s’est réellement appelé un jour le Costaguana, pays inventé par Joseph Conrad dans son roman Nostromo et repris par Juan Gabriel Vásquez dans son Histoire secrète du Costaguana.
À l’instar de toute autre, la littérature colombienne est une école d’universalité. Ses écrivains récents, un temps cachés aux yeux du monde par les astres éblouissants de Gabriel García Márquez et d’Alvaro Mutis, livrent une double bataille. Nombre d’entre eux pactisent le jour avec la vérité en écrivant dans des revues et des quotidiens, et, la nuit, s’échappent ou cherchent leur salut en poussant la porte de la bibliothèque mondiale. Ce face à face nécessaire, ou ce délire, comme on voudra, existe bel et bien dans le dix-neuvième fragment d’un roman colombien où le dernier Aureliano Buendía, personnage de Cent ans de solitude, réunit chaque jour quatre garçons qui mènent un dialogue acharné sur les mille et une façons de tuer les cafards au Moyen Âge : Alvaro Cepeda Samudio, Alfonso Fuenmayor, Germán Vargas et Gabriel García Márquez lui-même. Quatre écrivains colombiens majeurs des années 1960 dont l’histoire littéraire de l’Amérique latine se souvient comme du groupe de Barranquilla.
Aujourd’hui ils ne sont pas quatre mais douze :
Héctor Abad Faciolince, Antonio Caballero, Jorge Franco, Santiago Gamboa, Tomás González, William Ospina, Juan Manuel Roca, Evelio Rosero, Gonzalo Sánchez, Antonio Ungar, Fernando Vallejo et Juan Gabriel Vásquez. Gageons que, dans les pages d’un de leurs romans ou dans les vers d’un de leurs poèmes, se tient le personnage qui symbolisera, pour les lecteurs d’ici et d’ailleurs, la littérature de la Colombie du XXIe siècle.
Annie Morvan , Conseillère littéraire auprès du CNL pour l’édition Colombie Belles Étrangères 2010
CNL ( Centre National du Livre ) Paris, France
site Internet : http://www.belles-etrangeres.culture.fr/

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