sexta-feira, 27 de julho de 2012

Nannerl , a irmã prodígio de Mozart


Tout l'été, L'Express revient sur ceux qui sont restés aux portes de la gloire. Nannerl Mozart, la soeur du divin compositeur était aussi excellente musicienne. Partageant un temps la gloire de son frère, elle fut surtout une mère au foyer, un peu jalouse.
Nannerl Mozart, l'autre prodige de la famille
En quelques mois, au mitan du XVIIIe siècle, l'Europe entière est devenue folle de deux enfants musiciens. Fille et fils de Leopold Mozart, le plus grand pédagogue musical d'alors, Maria Anna, dite "Nannerl", et Wolfgang Amadeus électrisent leurs auditeurs par leur virtuosité. Lors de leur première tournée elle a 11 ans, lui 6 ans, et pendant plusieurs années, de cours princières en concerts privés, de Munich à Paris, en passant par Londres ou Vienne, ils épatent la galerie. A leur propos sont rapportés divers tours proches de la prestidigitation : ils seraient capables de jouer du clavecin les yeux fermés, avec un seul doigt ou sur un clavier recouvert d'un drap, puis d'enchaîner au violon ou à l'orgue. Partout, on vante leur charme et leur talent.
BIO Express
1751 Naissance à Salzbourg (Autriche).
1759 Premières leçons de clavecin.
1762-1766 Tournée de concerts en Europe.
1783 Dernière rencontre avec Wolfgang.
1825 Meurt à Salzbourg.
Le très jeune Wolfgang est le plus en vue, mais Nannerl partage toujours l'estrade avec son frère. Elle l'accompagne au clavecin ou chante à son côté, comme l'atteste un tableau de Carmontelle la montrant, partition à la main, près de Wolfgang et de Leopold. Cette image illustre sa grande beauté et son assurance. Pourtant, c'est bien son frère, et lui seul, que le père met en avant. Le seul, également, qu'il incite à composer.
Décision aveugle d'un homme conditionné par les a priori misogynes de son temps ? Absence de talent chez cette jeune fille convaincue de l'immense génie de son frère ? Ces questions n'ont évidemment pas de réponses simples, même si un film, Nannerl, la soeur de Mozart (2010), de René Féret, a tenté de dresser le portrait d'une artiste brimée. Cette hypothèse séduisante n'est cependant pas étayée par les faits : aucune oeuvre importante signée de la soeur de Mozart n'est parvenue jusqu'à nous. En fait, la réalité est assez prosaïque. 


Nannerl, la Soeur de Mozart - Bande annonce FR por _Caprice_

Nannerl connaît un curieux destin : d'abord proche de son frère, partageant avec lui les fruits qu'il recueille dans les cours d'Europe, vivant ensuite dans son ombre, puis sous la coupe de son père, avant de finir sa vie assez tristement. Ses premières années sont baignées de musique. Son père vient de publier son Essai d'une méthode approfondie du violon, traduit et utilisé dans toute l'Europe. Compositeur modeste à la cour de Salzbourg, il reporte son ambition sur ses deux enfants. "Dieu [leur] a donné de tels talents que je serais contraint, même si ce n'était mon devoir paternel, de tout sacrifier à leur bonne éducation. Chaque instant perdu l'est à jamais", écrit-t-il.
A 18 ans, Nannerl est une excellente instrumentiste
A 8 ans, Nannerl prend ses premières leçons de clavecin, données par son père. Ces cours intéressent au plus haut point le petit Wolfgang. Perspicace, Leopold repère très rapidement les dons de son fils. A 5 ans, Wolfgang écrit ses premières compositions, que son père, admiratif, note dans le cahier d'exercices de Nannerl. Leopold lance alors ses enfants dans le monde. De 1762 à 1766, ils partent en tournée à travers l'Europe.
Les enfants grandissent. A 18 ans, Nannerl est une excellente instrumentiste. Wolfgang, lui, s'impose peu à peu comme compositeur et part en Italie avec son père afin de parfaire son art. La soeur, elle, reste à Salzbourg. Durant cette première séparation, les relations épistolaires entre les deux adolescents demeurent chaleureuses. Aux lettres qu'envoie son père Wolfgang ajoute fréquemment un post-scriptum très affectueux à son attention. A sa "soeur chérie", il envoie régulièrement des "baisers grassouillets" ! Mais le triomphe de W. A. met un terme à la carrière publique de Nannerl. Elle marche désormais dans les pas de Leopold et donne ses premiers cours de piano, apportant ainsi l'argent au foyer Mozart. Son journal nous renseigne d'ailleurs sur le peu de chose que l'on sait de la vie quotidienne de la famille à cette époque, où s'enchaînent messes, concerts, promenades, visites à de nobles familles ou voyages
En février 1778, apprenant que Wolfgang a rencontré Aloysia Weber à Mannheim et qu'il veut partir avec elle pour l'Italie, Nannerl pleure pendant deux jours. Peut-être jalouse du bonheur de son frère, plus sûrement frustrée de l'indépendance qu'il commence à prendre et qu'elle-même ne connaîtra jamais. En janvier 1781, Nannerl connaît encore quelques joies grâce à son frère, notamment lors d'un voyage à Munich pour la création de l'opéra Idoménée, qui lui permet de s'échapper de Salzbourg pour quelques semaines de carnaval. Mais Wolfgang s'installe finalement à Vienne, et Nannerl commence à prendre ses distances avec lui.
Pourtant, Wolfgang plaide en sa faveur alors qu'elle projette d'épouser Franz Armand d'Ippold, capitaine des armées impériales : lorsque leur père s'oppose à cette union, il écrit à sa soeur de venir le rejoindre à Vienne avec son beau militaire afin d'y vivre sereinement leur amour. Mais Nannerl se résigne. Le dernier séjour de Wolfgang à Salzbourg, en 1783, est marqué par l'indifférence de sa soeur à son égard. Ils ne se reverront plus. Ils continuent à s'écrire (voir l'encadré), elle reçoit régulièrement de nouvelles partitions de son frère, elle les joue, mais le coeur n'y est plus.
Dès lors, la fille se rapproche un peu plus du père, qui, lui aussi, voit s'éloigner son "Wolfgangus". Comme le note Jérôme Bastianelli dans Tout Mozart. Encyclopédie de A à Z (Bouquins, Robert Laffont), "l'incompréhension était devenue presque aussi importante que la complicité musicale des débuts".
Nannerl ne possède sans doute pas le génie de son frère, mais, au moins, la sagesse de son mode de vie et la respectabilité d'un "bon" mariage allaient-elles apporter quelque réconfort au vieux Leopold. En 1784, elle devient baronne en épousant le gouverneur Johann Baptist von Berchtold zu Sonnenburg. Contrairement à son frère, toujours en manque d'argent, elle est désormais à l'abri du besoin. Elle s'installe dans la maison natale de sa mère, à Sankt-Gilgen, se consacre à sa famille, délaissant pour toujours ses ambitions de musicienne.
Belle-mère de cinq enfants et mère de trois autres petits
Sans doute autant par choix que par nécessité. En se mariant, elle devient en effet belle-mère de cinq enfants nés des deux premiers mariages de son époux, avec qui elle a trois autres petits, dont Leopold Alois Pantaleon, qui passera ses deux premières années à Salzbourg, en pension chez son grand-père.
Après la disparition de son père, en 1787, elle continue à donner à sa progéniture des cours de musique. Mais, nouveau coup du sort, contrairement à l'un des fils de Wolfgang, ses enfants ne feront pas carrière dans la musique.
L'un des premiers biographes de son frère retrouve la trace de Nannerl en 1792, un an après la mort du "Divin", et lui envoie un questionnaire. Elle le renseigne avec précision sur leurs années de jeunesse, les tournées et les exploits en commun, mais ne dit rien d'autre de Wolfgang. Comme si, en dehors de sa petite gloire à elle, il n'avait plus existé. Elle en profite aussi pour lancer des piques à sa belle-soeur Constance, en qui elle voyait une fille "mal assortie à lui", cause d'un "grand désordre ménager". A la mort de son mari, en 1801, Nannerl retourne à Salzbourg, où, devenue aveugle, elle s'éteint le 29 octobre 1825, emportant avec elle ses derniers rêves de musique.
La dernière lettre de Mozart à sa soeur
Dans la dernière missive de Wolfang à Nannerl qui soit parvenue jusqu'à nous, il tente de se réconcilier avec elle. Et lui demande un service...
"Soeur chérie !
"Tu aurais raison d'être fâché contre moi ! - Mais le seras-tu encore lorsque la diligence t'aura apporté mes dernières compositions pour piano ? - Oh non ! - Cela remettra, j'espère, les choses en place.
"Comme tu seras convaincue que je souhaite vraiment chaque jour toutes sortes de choses agréables pour toi, tu me pardonneras d'arriver un peu en retard avec mes voeux de bonne fête. [...] Ma chère soeur ! Tu ne peux pas douter que j'aie fort à faire - et tu sais fort bien que je suis quelque peu paresseux pour écrire des lettres - tu ne m'en voudras donc pas si je t'écris rarement. [...]
"Je dois maintenant te demander quelque chose : j'aimerais que Haydn (1) me prête pour quelque temps les partitions de ses deux messes en tutti et les graduels qu'il a composés [...]. Invite-le à venir te voir et joue- lui mes nouvelles compositions - le trio et le quatuor ne lui déplairont pas. Adieu, soeur chérie ! - dès que j'aurai rassemblé de nouvelles musiques, je te les enverrai - je suis à jamais ton frère sincère, W. A. Mozart"
(1) Il s'agit de Michael Haydn, un des frères de Joseph. Extrait de Mozart. Correspondance complète. ed. de Geneviève Geffray, Flammarion, 2011. Par Bertrand Dermoncourt (L'Express), publié le 26/07/2012 à 14:30

1 comentário:

  1. Uma irmã que restou na sombra de um grande génio da Música, Mozart!... A história repete-se... Para que uns se elevem, outros que os acompanham ficarão eternamente quase no anonimato! Assim é. E quantas vezes os que ficam na penumbra dos génios lhes aplanam os trabalhos, lhes dulcificam as dificuldades, lhes tiram os escolhos e os espinhos do caminho, para que a estrela brilhe ainda mais. Possível moral da história: Existe sempre alguém por detrás de quem se eleva... Não somos nada, sozinhos!

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